Émile Baudson

Un historien carolopolitain

Notice proposée par Jérémy Dupuy

– Novembre 2023 –

Émile Baudson est un des premiers grands historiens de Charleville. Né dans la cité le 16 juin 1874, il a été déclaré à la naissance sous les prénoms de François Albert.

Acte de naissance d'Émile Baudson.
Archives départementales des Ardennes, 2MIEC 105R 4.

Un héritage militaire et politique.

Son père, Jules Baudson, est né à Stenay. En 1867,  il est ouvrier puis contremaitre décorateur à Paris. Il est envoyé en Russie en 1869 pour diriger les travaux de décoration du Palais impérial de Kiev. Il revient en France peu de temps avant la guerre de 1870 et prend part aux combats. Il se distingue notamment dans les nombreuses sorties du siège de Montmédy et est plusieurs fois cité à l’ordre du jour. Cependant, lors d’une de ces périlleuses actions, il est blessé et fait prisonnier par l’ennemi, qui le transfère en captivité à Dresde. Son courage lui vaut, pendant comme après la guerre, d’être proposé pour la croix, ainsi que son jeune frère qui l’a suivi comme engagé volontaire.

Après la campagne militaire, Jules Baudson s’installe à Charleville. Il y crée sa maison de décoration intérieure, « Baudson et Cie », une des plus importantes de France, qui acquiert une réputation dans le monde entier, notamment en Amérique. Il est alors sculpteur-décorateur. À la fin du siècle, c’est un notable bien installé dans la cité carolopolitaine, comme l’indiquent ses nombreuses fonctions et distinctions parmi lesquelles celle de président du conseil des prud’hommes de Charleville, celle de vice-président de la société de tir, dont il est le fondateur en 1876, mais aussi la fonction de conseiller municipal de Charleville, occupée de 1892 à 1896. En 1921, il publie sous le pseudonyme de « Carolo » un premier ouvrage à caractère historique et patrimonial intitulé Le pillage des œuvres d’art dans les Ardennes par les Allemands.

Un héritage culturel et artistique.

Émile Baudson et ses deux frères collaborent avec leur père. Tous les trois ont été élèves de l’École des Arts Décoratifs. Émile Baudson exerce dans son atelier de l’avenue Jules Ferry la profession de sculpteur-décorateur, comme son père avant lui. Il s’intéresse aux questions artistiques et plus particulièrement à l’histoire de l’art et de l’architecture du XVIIe siècle. En 1934, il publie avec Henri Labaste un ouvrage sur un peintre miniaturiste carolopolitain, Jean-Baptiste Couvelet et son temps, 1772-1830. Cette publication imprimée à 1 000 exemplaires marque le vrai début de ses recherches historiques.

L’histoire carolopolitaine comme passion

En 1935, il présente à la Société de l’art français une importante communication sur la place Royale de Paris et sa sœur, la place Ducale de Charleville. Il se prend alors au jeu de l’histoire de sa propre cité en publiant dans la foulée un ouvrage intitulé Autour de la place Ducale, qui en raconte la construction de 1610 à 1630. Il révèle à l’époque une œuvre méconnue du tapissier flamand Daniel Depersack, qui représente la bénédiction de Bénédicte de Gonzague, la troisième fille de Charles, le fondateur, à l’abbaye d’Avenay (Marne), œuvre alors conservée dans un pavillon de la place Ducale. La consécration d’Émile Baudson comme historien est obtenue en 1947 avec la publication de deux livres fondamentaux : L’histoire de Charleville depuis sa fondation jusqu’à nos jours, 1606-1946 et une vie de Charles de Gonzague, duc de Nevers, de Rethel et de Mantoue. Cette dernière œuvre lui vaut de recevoir un prix de l’Académie française. Membre de la Société d’études du XVIIe siècle et de toutes les sociétés savantes ardennaises, il fait paraître de nombreux articles sur l’histoire de Charleville. En 1956, son ultime ouvrage est consacré à un urbaniste au XVIIe siècle : Clément Métezeau ; il fait l’objet du premier Cahier d’études ardennaises de la Société d’études ardennaises (actuelle Société d’histoire des Ardennes), qui vient tout juste d’être fondée le 16 janvier 1955.

Couverture du livre
Charles de Gonzague, duc de Nevers, de Rethel et de Mantoue
(1947)
Collection personnelle.
Couverture du livre
Histoire de Charleville depuis sa fondation jusqu’à nos jours, 1606-1946
(1947)
Collection personnelle.

Une fin de vie avec un retour aux sources du métier

C’est à L’Haÿ-Les-Roses, en région parisienne, où il réside et occupe la fonction de président honoraire de la chambre syndicale des sculpteurs-décorateurs, qu’Émile Baudson décède le 24 avril 1956, dans sa 82e année. Il y est inhumé. Il disparaît au moment où Charleville prépare les festivités du 350e anniversaire de sa fondation. Il reste, avec Jean Hubert, le pionnier de l’histoire carolopolitaine qui s’écrit avec les archives.

Tombe de la famille Baudson au cimetière de L’Haÿ-Les-Roses
https://www.landrucimetieres.fr/

Sources

  • État-civil Charleville, 2MIEC 105R 4, Archives départementales des Ardennes.
  • L’Ardenne hebdomadaire, 26 mai 1956, PERH 71 5, Archives départementales des Ardennes.
  • René Robinet, Nécrologie dans L’Ardennais, 3 mai 1956, Delta II 22 4, Archives départementales des Ardennes.
  • Émile Baudson : article nécrologique dactylographié, juillet 1956, dans La Grive n°91 : Images de Charleville, 1606-1956. Enfances ardennaises, 2e partie, 4J84, Archives départementales des Ardennes.
  • Baudson (Émile), 1874-1956, historien de Charleville : causerie faite au poste radiophonique la Renaissance de l’art décoratif français (1932),dans archives de Jean-Paul Vaillant, 1925-1959, 4J24, Archives départementales des Ardennes.
  • Papiers Émile Baudson, de Charleville, 1J95, Archives départementales des Ardennes.
  • Archives d’Émile Baudson, 1J795, Archives départementales des Ardennes.
  • « Comment j’ai vu Hitler et Eva Braun à Montoire : témoignage d’un ardennais », par Émile Baudson (5 pièces), 1J347, Archives départementales des Ardennes.
  • Ouvrage sur Charles de Gonzague, vers 1945 (1 liasse non paginée), 1945, 1J595, Archives départementales des Ardennes.

Publications de Jules et Émile Baudson​

  • Jules Baudson, Le pillage des œuvres d’art dans les Ardennes par les Allemands, Charleville, imprimerie du Petit Ardennais, 1921, 36 p.
  • Émile Baudson, Henri Labaste, « Le peintre J.-B. Couvelet : professeur à l’École Centrale de Charleville (1798-1804) », La Grive, janvier 1931, n°10, PERH8 2, Archives départementales des Ardennes.
  • Émile Baudson, « Un portrait de Jacques Wilbault au Musée Carnavalet », Nouvelle revue de Champagne et de Brie, tome 10, 1932, PERE3 10, Archives départementales des Ardennes.
  • Émile Baudson, « Un portrait de Théroigne de Méricourt », La Grive, octobre 1932, n°18, PERH8 2, Archives départementales des Ardennes. 
  • Émile Baudson, « La verrerie royale de Monthermé (1749-1858) », La Grive, juillet 1934, n°25 / avril 1935, n°28, PERH8 3, Archives départementales des Ardennes.
  • Émile Baudson, « Un grand artiste ardennais : Alphonse Colle », Le Petit Ardennais, 1935, DELTAII22 21, Archives départementales des Ardennes.
  • Émile Baudson, Autour de la place Ducale, Charleville, imprimerie Anciaux, 1935, 74 p.
  • Émile Baudson, Histoire de Charleville depuis sa fondation jusqu’à nos jours, 1606-1946, Charleville, imprimerie Anciaux, 1947, 208 p.
  • Émile Baudson, Charles de Gonzague, duc de Nevers, de Rethel et de Mantoue, Paris, Perrin, 1947, 317 p.
  • Émile Baudson, « Un terroriste ardennais en Avignon », Le Rimbaldien, été 1948, n°12, PERH9 3, Archives départementales des Ardennes.
  • Émile Baudson, « Le Palais des Tournelles », Le Rimbaldien, automne 1948, n°13, PERH9 3, Archives départementales des Ardennes.