Contenus
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La balance et le trébuchet : enjeux et perspectives de l’étude économique et financière du parlement de Paris dans le renouvellement de son historiographie
L’historiographie a conféré au parlement de Paris un rôle politique de premier plan, souvent en faisant l’économie de l’étude des sources. Il convient de se détacher de l’obsession du politique, en analysant d’abord son fonctionnement financier. Il est alors nécessaire d’utiliser les archives du Parlement, la série X des Archives nationales, mais surtout d’autres sources complémentaires, comme la collection Joly de Fleury de la Bibliothèque nationale, qui permettent de mieux comprendre le fonctionnement financier du Parlement. Les conclusions d’une étude financière du Parlement donnent un nouvel éclairage sur le rôle et l’action du parlement au XVIII e siècle : loin d’être un trublion politique, il fut avant tout une institution en crise, chargée de responsabilités qu’elle n’eut jamais les moyens financiers d’exercer. -
Sauver les archives, défendre le roi : la remise en ordre des registres du Parlement d’après les papiers du procureur général Joly de Fleury
Par le sauvetage des registres du Parlement entre 1729 et 1733, le procureur général Guillaume-François Joly de Fleury avait définitivement pris l’ascendant sur les greffiers dans la gestion des archives de la cour parisienne. Déjà gardien du Trésor des chartes, il devenait le défenseur incontesté des droits du roi. Catalogue de preuves juridiques, véritable mémoire du droit et de la jurisprudence d’Ancien Régime, les registres constituaient aussi un témoignage politique précieux sur le rôle et l’ancienneté du Parlement. Dans les luttes violentes entre robe et couronne, les réflexions sur l’essence et l’origine de la monarchie firent des archives du Parlement un gage de légitimité tout autant qu’un moyen de contrôler et de (re)faire l’Histoire. -
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« La promenade, un loisir urbain universel ? L'exemple du Palais-Royal à Paris à la fin du XVIIIe siècle »
Peu étudiée comme pratique, la promenade urbaine est une forme de loisir aussi centrale qu’insaisissable: gratuite et volontaire, c’est une activité qui laisse peu de traces. Plutôt qu’une analyse des dispositifs urbains et paysagers, traditionnellement privilégiés dans les études sur les promenades publiques, on propose donc ici, à partir de l’exemple du jardin du Palais-Royal à Paris à la fin du XVIIIe siècle, une lecture des enjeux de la promenade comme pratique sociale sous le double angle des formes de sociabilité et des usages du temps. Au-delà de l’imaginaire du rituel mondain et galant réservé à l’oisif fortuné, production imprimée et archives de police éclairent la manière dont la promenade constitue, pour des Parisiens de conditions variées, un loisir qui prolonge, déplace ou renouvelle les sociabilités quand elle n’est pas la simple distraction du «badaud » : elle permet, selon les cas, d’échapper à la promiscuité familiale, à la tyrannie du voisinage ou à l’étroitesse de sa condition en recréant des sociabilités davantage choisies. -
Une société carcérale : la prison de la Conciergerie (fin XVIe-milieu XVIIe siècles)
La prison de la Conciergerie occupe une place particulière dans le paysage pénitentiaire parisien du XVIIe siècle. Elle accueille de nombreux prisonniers pour dette, les prisonniers jugés en première instance par l’une des juridictions siégeant dans Palais de la Cité, dont elle occupe les bâtiments, mais aussi et surtout les prisonniers en appel devant le parlement de Paris. A partir de l’analyse de parcours individuels de prisonniers et de personnels de la Conciergerie (les dynasties de concierges Regnoust et Dumont), reconstitués grâce aux archives criminelles et notariales, la thèse porte sur les relations sociales et les comportements au sein de la prison. Après une première partie consacrée à un état des lieux de la Conciergerie au début du XVIIe siècle, la deuxième partie met en avant les particularités de sa société carcérale : moins séparée du monde extérieur que les prisons actuelles, elle reproduit à petite échelle la société parisienne. Plutôt que sur une distinction rigoureuse entre hommes et femmes et entre catégories criminelles, son organisation est fondée sur la position sociale et la richesse. Les prisonniers régulent eux-mêmes leurs conflits, le plus souvent sans faire appel au personnel. Quant à l’univers socio-professionnel des gardiens, il ressemble beaucoup à celui des métiers parisiens par les relations à la fois solidaires et hiérarchisées entre le concierge et ses guichetiers et morgeurs. La troisième partie porte sur « l’aventure de l’évasion », révélatrice de l’importance du contexte social et culturel dans la décision, la préparation et l’exécution d’une telle entreprise. -
Implantation, transport et finances. L'expérience d'un négociant horloger parisien en 1780 vue au travers de sa correspondance
C’est en plein âge d’or de l’horlogerie parisienne, que le négociant Noël Héroy s’installe à Paris après avoir suivi la formation à ce métier du luxe qu’est l’horlogerie et s’être intégré dans un réseau parisien. La copie de plus de 400 de ses lettres nous fait entrer de plain-pied dans le quotidien d’un homme d’affaires 1778 et 1781. S’adressant à la fois à des fournisseurs de Genève et du Comté de Neuchâtel et à des clients répartis dans 33 villes sur un bon tiers nord du territoire français, cette correspondance présente les différentes activités du négociant. Elle met en évidence le rôle majeur des transports comme l’importance du réseau d’intermé-diaires financiers de ville à ville sans oublier les difficultés rencontrées lors du contrôle des marchandises d’importation, des montres en or et argent. -
La boutique magnifiée. Commerce de détail et embellissement à Paris et à Londres dans la seconde moitié du XVIIIe siècle
Bien que l’on parle peu d’architecture commerciale pour les périodes qui précè-dent le XIXe siècle, que l’on considère souvent comme «le » siècle des grandes innovations en la matière, la gestion des aires de chalandise a fait l’objet, dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, de questionnements et de programmes originaux qui ont jusqu’à présent trop peu retenu l’attention des historiens de l’architecture. L’idée est ici de montrer, à travers les exemples parisiens et londoniens de Pierre-Louis Moreau et George Dance le Jeune, particulièrement représentatifs des changements qui ont lieu, l’importance acquise par la boutique. Magnifiée, devenue un motif-clé de l’espace urbain, elle a incité les architectes à concevoir de nouveaux dispositifs d’aménagement – comme les passages couverts – qui ont pleinement contribué à façonner l’identité de la ville contemporaine.