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Les espaces du commerce alimentaire à Tours au XVIIIe siècle
L’étude de la distribution spatiale des commerces alimentaires à Tours montre que les villes d’Ancien Régime sont de véritables marchés à ciel ouvert, malgré les tentatives de régulation du XVIIIe siècle. Si la localisation des commerces de bouche obéit à des logiques multiples, c’est leur polarisation qui frappe l’observateur. Le secteur alimentaire est plus que tout autre créateur de centralité dans une ville. La maitrise des espaces commerciaux est un enjeu sanitaire, économique, voire identitaire pour les multiples acteurs urbains : commerçants, clients et autorités de la ville. Leurs différentes visions s’affrontent ce qui contribue à modifier le paysage urbain. -
Les relations entre les commerçants et les propriétaires dans les galeries marchandes à Londres (XVIIe -XVIIIe siècles)
Cet article étudie un lieu particulier de vente au détail – la galerie marchande – de la City à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle. Il s’attache à repérer les éléments significatifs de l’environnement urbain qui ont contribué au succès des galeries et les tensions qui se sont développées entre les commerçants et les propriétaires autour de ces lieux peu communs. -
Politique et publications sur Paris au XVIIIe siècle
L’abondance d’écrits sur les embellissements de Paris est bien connue pour les règnes de Louis XV et Louis XVI. On connaît moins toute la littérature critique qui présentait implicitement l’architecture comme un symbole ou une allégorie de la vie publique dans son ensemble, et qui visait moins à influencer la pratique architecturale ou urbanistique qu’à bâtir et à faire évoluer l’opinion à propos de questions politiques. C’est grâce à ces types de critiques que la capacité de lire un contenu politique dans l’architecture s’est développée, s’est affinée et s’est finalement agrégée au discours public. Cette littérature, souvent négligée, mérite pourtant d’être regardée, au moins autant que le discours technique, bien mieux connu des chercheurs, comme un élément crucial de la genèse de l’approche moderne de la ville et de l’architecture. -
La fabrique de la perpétuité
Si le Trésor des chartes est le mieux préservé des dépôts d'archives de la monarchie en France, il n'en a jamais été l'organe central. Masse documentaire émergée des premières brumes de construction administrative du XIIIe siècle, le fonds conservé auprès de la Sainte-Chapelle de Paris fut proje té dès le XIVe siècle dans une étrange immobilité, garante cependant d'une fabrique de perpétuité au service de l'idéal dynastique et domanial de la royauté. Les ambiguïtés de la création médiévale se font éclatantes à l'époque moderne. Fonds prestigieux mais largement clos, objet de nombreux inventaires mais impossible fédérateur des archives administratives, lieu de conservation par défaut d'une documentation jamais systématique, il est légué à la République comme le sanctuaire majestueux d'une mémoire partagée, impuissant pourtant à résumer la genèse de la Nation. -
La salle des gardes dans les résidences royales françaises
La salle des gardes, ou tout simplement la « salle » comme on l’appelait jusqu’au début du xviie siècle, était la première pièce de l’appartement royal. D’abord salle commune aux usages très variés, elle devint peu à peu l’exclusivité des gardes du corps du roi qui y passaient l’essentiel de leur service lorsque le roi était dans son logis, de jour comme de nuit. Cependant, de par ses vastes dimensions et son rôle symbolique, elle fut parfois utilisée pour des événements exceptionnels de la vie monarchique. Les salles des gardes des souverains étaient étroitement liées à l’étiquette et, pour les autres membres de la Cour, la possession de l’une d’entre elles dans la résidence royale était un privilège et un marqueur social. Néanmoins, la salle des gardes possédait en général un décor plus modeste et un mobilier simple et usuel par rapport aux autres pièces de l’appartement, contrastant totalement avec le rôle symbolique fort que cette pièce et ses gardes représentèrent jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. -
Les « officiers de police » à Paris (milieu XVIIe-XVIIIe siècle). Distribution territoriale et compétences
Qui exerçait la police à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles ? En partie, les « officiers de police ». Ce terme polysémique cache une grande diversité de situations, puisque plusieurs institutions étaient chargées, parfois contradictoirement, de la police de la ville. En centrant notre propos sur les offices municipaux et ceux de la Lieutenance Générale de Police (le Châtelet), l’on peut observer que des logiques divergentes ont conduit à une multiplication des premiers et à un développement et une transformation des seconds. Les raisons sont, pour les offices municipaux, fiscales et économiques. Elles obéissent à des logiques spécifiques d’encadrement policier de l’espace pour ceux du Châtelet. Dans ce cas, ce sont de nouvelles logiques policières – d’ordre, de sécurité – qui ont façonné un nouveau type d’officiers (les inspecteurs, mais également les commissaires). Cela a eu pour effet de vider de leur substance une grande partie des anciens types d’officiers. Et donc de modifier, in fine, le « métier » de policier. -
Introduction. L’appropriation de l’espace comme problématique
L’appropriation de l’espace : une problématique à reprendre et développer Au-delà des terrains empiriques ou des thèses défendues dans les différents travaux présentés ici, ce numéro thématique a d’abord pour objectif de défendre cette idée simple que la question de « l’appropriation de l’espace » est incontournable en géographie, a fortiori en géographie sociale. Autrement dit, « l’appropriation de l’espace » non seulement peut mais doit nécessairement se trouver sur le chemin de tout géogra... -
Le corps dénudé de la Vérité
Parmi les figures dénudées si nombreuses dans les arts à partir de la Renaissance, la Vérité est une des rares dont la nudité n’est entachée d’aucun opprobre. Allégorie mise en scène dans le thème classique de la Calomnie d’Apelle, elle peut aussi servir de plaidoyer personnel d’un personnage mis en cause par l’opinion publique (Botticelli, Federico Zuccari, Marie de Médicis, Richelieu, Anne d’Autriche, Alexandre VII Chigi, Gian Lorenzo Bernini). À partir de la deuxième moitié du XVIIe, la Vérité est associée à la Justice et à d’autres vertus et principes dans le décor des palais de justice, comme à Rennes ou à Lyon. Si au XVIIIe siècle, la Vérité se fait plutôt Désillusion (Haendel, Giambattista Tiepolo, Francesco Queirolo), au terme d’un parcours moral et spirituel, autour de 1900, elle devient une figure du combat pour l’authenticité de l’art (Gustav Klimt, Ferdinand Hodler). -
La notion d’appropriation
En construisant un dossier thématique autour d’une notion, il paraissait utile d’aller voir comment elle était abordée à travers les dictionnaires récents. Sans prétendre à une note de lecture exhaustive sur les ouvrages en question, l’entrée appropriation nous fournit l’occasion d’y effectuer des sondages et d’en évoquer l’esprit et la démarche. En s’attachant à fixer le vocabulaire de la discipline, le Dictionnaire de la géographie a le mérite de nous offrir un outil rigoureux sur lequel no... -
La Lieutenance de Police et l'espace urbain parisien (1667-1789). Expériences, pratiques et savoirs
Paris, capitale de la monarchie absolutiste, posa, dans sa matérialité même, des problèmes d’ordre public aux pouvoirs politiques. Ces problèmes, démographiques, hygiéniques, de circulation et d’organisation sociale (une mobilité accrue), entraînèrent la création d’une institution spécialisée dans la « police » de la ville : la Lieutenance de police. Cette institution, de 1666 à 1789, s’attacha à résoudre les désordres urbains matériels et sociaux, et pour cela déploya des dispositifs policiers nouveaux, pour lesquels elle mobilisa les savoirs du temps tout en en produisant elle-même (plus empiriques). C’est également dans les pratiques des agents sur le terrain que l’on trouve la réalité de ce qu’était la police d’Ancien Régime, qui consista avant tout à occuper l’espace urbain, à le marquer et à l’aménager à la marge afin de produire la sûreté et la propreté des rues. En ce sens, la prise en compte de la réalité urbaine invite à croiser histoire urbaine et histoire de la police.