Le nouveau découpage des quartiers de police parisiens en 1702 répond notamment à la nécessité d’adapter les cadres territoriaux à la croissance générale de la ville pour rendre l’action de l’administration et de la police plus efficace. Les lieutenants généraux de police successifs souhaitent gérer les carrières de leurs subordonnés et mettre en place un «mouvement» qui traduit la volonté de distribuer les commissaires selon divers critères (compétence reconnue, ancienneté, difficultés
particulières du terrain). Tout au long du XVIIIesiècle,l’Almanach royal porte trace des changements d’affectation des commissaires entre les 20 quartiers de police parisiens. Son exploitation systématique jusqu’en 1792 permet de mesurer l’évolution des repères policiers dans l’espace, la stabilité plus ou moins grande des équipes de commissaires ou des individus qui les composent. En dépit des difficultés, il apparaît que la lieutenance semble avoir mis en œuvre une politique réfléchie d’occupation de l’espace, adaptée aux caractéristiques reconnues des
différents quartiers. Une volonté de professionnalisation des carrières et des équipes déployées sur le terrain est allée de pair avec le souci de toujours mieux contrôler un espace urbain considéré comme gigantesque et «insaisissable».
Qui dit faillite dit procédure judiciaire et examen de la comptabilité. Or la législation, le rôle et la signification de la comptabilité ont connu d’importantes évolutions au fil des siècles. Pour comprendre ces mutations, qui ont pour conséquence une judiciarisation des procédures et le passage à une logique d’expertise, nous avons choisi de croiser analyses historique et comptable : l’étude est menée sur un temps long, de 1673, date de l’Ordonnance de commerce, première unification du droit des marchands, à 1889, date de la loi qui crée la liquidation judiciaire, deux moments importants du droit des faillites. Dans ce cadre chronologique, deux angles d’approche sont privilégiés : d’une part, les pratiques sociales et judiciaires, d’autre part, les pratiques comptables, autour de la figure clé du syndic qui, de marchand élu parmi ses pairs à la pluralité des voix, devient homme de loi, expert a priori indépendant.