LE BARREAU, DE LOUIS XIV A LA RESTAURATION
Nulle profession n'a, plus que les avocats, contribué à la Révolution et aux changements de régime dont la France a été ensuite le théâtre. Toujours, face au fait du prince et à l'arbitraire du pouvoir politique, des avocats s'étaient dressés pour incarner le Droit et la Justice. Jamais leur profession libre et indépendante n'avait été submergée par la marée montante de la vénalité des offices. Pourtant elle ne comptait pas que des amis et la Révolution, qui porta au pinacle nombre d'avocats, leur profession. Tout en manifestant à son égard la plus grande défiance, Napoléon la rétablit cependant et, dès lors, elle retrouva parmi ses rangs des militants au service de la cause libérale, puis de l'idéal républicain, avant de fournir, dès la Monarchie de Juillet, les les plus nombreux du personnel politique.
Au dernier siècle de l'Ancien Régime, les différents auteurs 1 pour présenter l'avocat comme un homme savant en jurisprudence qui défend le droit des parties, soit en plaidant, soit en faisant des soit en les assistant de ses conseils. L'avocat doit être titulaire de la licence en droit et avoir été immatriculé dans une cour. En 1679, Louis XIV a fixé à trois ans la durée des études de licence. Malgré l'adjonction d'un examen de droit français, durant tout le xvine siècle, le droit romain règne encore en maître à la Faculté, alors que le droit français représente la pratique quotidienne du barreau.
Le licencié en droit qui veut devenir avocat doit prêter serment. Si c'est devant une juridiction inférieure, il ne pourra exercer que dans le ressort de cette juridiction. Si c'est devant une Cour supérieure, il pourra exercer dans tous les sièges du ressort, et même, si c'est au parlement de Paris, dans tout le royaume. La plupart des avocats se font recevoir dans un Parlement où ils sont immatriculés sur un registre spécial. Ils sont
1. Richelet (P.), Dictionnaire françois..., Genève, 1680, I, p. 55. — Ferriere (C. de), Le nouveau praticien, Paris, 1681, p. 55-56. — Furetiere (A.), Dictionnaire universel, La Haye, 1690, I, p. 36 ; Dictionnaire de l'Académie, Paris, 1694, I, p. 13 ; Dictionnaire universel et latin, Trévoux, 1704, I, Article Avocat ; Encyclopédie, 1751, I, p. 151-153. — Féraud (abbé), Dictionnaire critique de la langue française, Marseille, 1787, I, p. 217.