« MES LOISIRS, OU JOURNAL D'ÉVÉNEMENS TELS QU'ILS PARVIENNENT À MA CONNOISSANCE
CHRONIQUE (1753-1789) DU LIBRAIRE SIMÉON-PROSPER HARDY
C'est en 1753, à l'âge de vingt-quatre ans, que l'apprenti libraire parisien Siméon-Prosper Hardy (1729-1806) entreprend un journal qu'il intitule Mes loisirs ou Journal d'événemens tels qu'ils parviennent à ma connoissance ' . Ce manuscrit inédit s'achève sans raison précise le 14 octobre 17892. Entre 1753 et 1789, S. -P. Hardy est le chroniqueur attentif des petits et grands de la vie parisienne, prenant place dans la lignée des bourgeois parisiens : « ...historiographes officieux du Tiers État, interprètes et témoins d'une opinion déjà puissante, qui ne gouverne pas encore mais se fait respecter de ceux qui gouvernent... »3. Son journal, consigné sur huit in-folio 1 formant un total de 4 082 pages, conservé à la Bibliothèque Nationale, est \ resté en grande partie inédit. C'est à la fois la personnalité de l'auteur et les qualités intrinsèques de cette somme qui font de ce journal une source précieuse pour l'histoire politique, économique, sociale, institutionnelle.
I. Un petit bourgeois parisien, libraire de son état
Le journal de S.-P. Hardy n'a rien d'un journal intime. Son auteur y privilégie le plus souvent l'anonyme « on » au « je », et s'y fait le plus discret possible à propos de ses opinions. Pourtant le choix des thèmes traités, les documents recopiés, les nota bene ou les « réflexions sur » ajoutés à la fin des articles, les soulignements d'insistance et les rares lettres ayant trait à sa vie privée insérées dans sa chronique, permettent de mieux cerner le Les actes notariés, conservés aux Archives Nationales, le concernant
1. B.N. ms. Fr. 6680 à 6677. Ce document, abîmé, ne peut plus être consulté que sur microfilms, sous les cotes 2566 à 2573. Le t. I couvre la période 1753-1771 ; le t. II : 1772-1774 ; le t. III : 1775- 11 juin 1778 ; le t. IV : 11 juin 1778-24 juillet 1781 ; le t. V : 24 juillet 1781-21 septembre 1784 ; le t. VI : 21 septembre 1784-23 février 1787 ; le t. VII : 23 février 1787-21 juin 1788 ; le t. VIII : 21 juin 1788-14 octobre 1789.
2. Le journal s'arrête brutalement le 14 octobre 1789, par la mention « Fini à cette époque ».
3. Cf. Charles Aubertin, « Le bourgeois de Paris au dix-huitième siècle. Mémoires inédits de S.-P. Hardy 1764-1790 », in Revue des Deux Mondes, Paris, novembre 1871, p. 199-220, p. 200.
Revue d'histoire moderne et contemporaine, 46-3, juillet-septembre 1999.
