Les Papiers de Richelieu
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Marie-Catherine VIGNAL-SOULEYRAU
https://correspondancerichelieu.hubside.fr/
Résumés
Depuis 1996, la publication de la correspondance et des papiers d’État du cardinal de Richelieu, qui restaient inédits pour la période 1632-1642, met à disposition des enseignants-chercheurs, chercheurs et étudiants un ensemble de sources difficilement accessibles sous leur forme manuscrite, qui n’ont jamais été publiées par le passé ou l’ont été au XVIIe siècle sans annotation. Les problématiques abordées par ces textes rejoignent celles du centre Roland Mousnier : histoire des relations internationales, histoire politique, religieuse, culturelle, économique, financière, monétaire, histoire sociale, histoire du droit et des institutions, histoire des idées.
De contenu à la fois historique, juridique, théologique et philosophique, il se prête à une exploitation pluridisciplinaire. À la suite de la publication de cinq volumes aux éditions L’Harmattan pour la période 1632-1635, dont deux pour l’année 1634, un nouvel ouvrage croisant les correspondances de Richelieu, de son secrétaire de la main, Denis Charpentier, et du maréchal de Châtillon, en 1635, vient d’être achevé. Dans le souci d’assouplir le processus de diffusion des textes, les publications au format-papier avec ISBN ont été complétées par la mise à disposition en ligne de documents qui ne pouvaient être retenus en raison des contraintes techniques et économiques de l’édition classique. L’entreprise se poursuit pour les années ultérieures.
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Since 1996, the publication of the correspondence and state papers of Cardinal de Richelieu, which remained unpublished for the period 1632-1642, has made available to teacher-researchers, researchers and students a set of sources that are difficult to access in their handwritten form, which have never been published in the past or were published in the 17th century without annotation. The issues addressed by these texts are similar to those of the Roland Mousnier Centre: history of international relations, political, religious, cultural, economic, financial, monetary, social history, history of law and institutions, and history of ideas.
Its content is at once historical, juridical, theological and philosophical, and lends itself to multidisciplinary use. Following the publication of five volumes published by L'Harmattan for the period 1632-1635, including two for 1634, a new work cross-referencing the correspondence of Richelieu, his secretary Denis Charpentier, and the Marshal of Châtillon, in 1635, has just been completed. In order to make the process of distributing the texts more flexible, the publications in paper format with ISBN have been supplemented by the online availability of documents that could not be retained due to the technical and economic constraints of the classic edition. The undertaking is continuing for subsequent years.
Présentation du projet
La correspondance et les papiers d’État du cardinal de Richelieu constituent un ensemble de sources exceptionnelles non seulement par leur abondance, près de 500 volumes manuscrits aux archives diplomatiques, mais surtout par la variété de leur contenu. Fondamentaux pour la connaissance du XVIIe siècle, ils offrent une vision très directe, quasi-photographique, du royaume de France, de l’Europe des Habsbourg, de la Monarchie, de la guerre de Trente Ans. Ils permettent de redécouvrir le règne de Louis XIII au jour le jour, les principes du ministériat, leurs limites, de mieux comprendre l’instauration d’un pré-absolutisme.
Les problématiques abordées par ces textes rejoignent celles du centre Roland Mousnier et de l’Institut de Recherches sur les Civilisations de l’Occident Moderne (IRCOM) : histoire politique, histoire des relations internationales, histoire du droit et des institutions, histoire religieuse, culturelle, économique, financière, monétaire, histoire sociale, histoire des idées. De contenu à la fois historique, juridique, théologique et philosophique, il se prête à une exploitation pluridisciplinaire.
De son vivant même, le cardinal-ministre a fait de sa correspondance un outil décisionnaire ; des rapports qu’il a rédigés pour le Roi, ou de ceux qu’il a suscités, une œuvre prospective, vouée à la Raison, au service de l’État et à la grandeur du royaume ; une entreprise historique justificative du nouvel ordre monarchique.
Conservé dans leur immense majorité par le ministère des Affaires étrangères, avec les papiers légués par Claude Bouthillier, secrétaire d’État puis surintendant des finances, et par Léon Bouthillier, comte de Chavigny, secrétaire d’État de Louis XIII en charge de la diplomatie après son père, l’ensemble légué par Richelieu est indissociable de l’apport de ces deux hommes, ses plus proches collaborateurs. Une place particulière y est réservée aux duchés souverains et indépendants de Lorraine et de Bar, dont Louis XIII et Richelieu entreprennent la conquête, ainsi qu'aux Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun).
Publier les papiers de Richelieu répond à trois enjeux méthodologiques :
- leur mise-à-disposition auprès des enseignants-chercheurs, des chercheurs, des doctorants, des étudiants de niveau master 1 et master 2, d’un public averti, au plan national comme au plan international,
- la mise-en-valeur de leur richesse intrinsèque par une première exploration ou exploitation,
- la mise-en-lumière de leurs corrélations.
Après les travaux initiés par Roland Mousnier, les documents laissés par Richelieu restaient inédits pour la période 1632-1642. Le dépouillement des collections diplomatiques a permis la publication ou la mise-en-ligne progressive de plus de 3500 textes inédits datant de la période 1632-1635. Un ouvrage complémentaire, croisant les correspondances de Richelieu, de son secrétaire de la main, Denis Charpentier, et du maréchal de Châtillon, en 1635, vient d’être achevé, portant à près de 4000 les documents proposés.
Pour chaque volume, une introduction générale permet non seulement de rattacher le corpus à une trame événementielle ou aux caractéristiques d’une époque, mais aussi de fournir une synthèse de connaissances sur l’année évoquée, et de souligner l’apport des textes inédits à l’état de l’art. Est également proposée une analyse particulière de chaque document, en fonction de la thématique qu’il aborde, accompagnée des éléments biographiques relatifs au signataire, si le texte a été adressé à Richelieu, ou au destinataire, si le cardinal-ministre en est l’auteur ou l’inspirateur. Un apparat critique offre en complément les notices de l’immense majorité des protagonistes évoqués dans le corps des textes inédits. S’y ajoutent une chronologie de synthèse ; de nombreuses références bibliographiques ; un index des noms propres, qu’ils soient patronymes ou toponymes.
Si les archives du ministère des Affaires étrangères sont les dépositaires de l’ensemble patrimonial le plus important, des investigations ont montré la richesse de Bibliothèque nationale de France (pour la correspondance de Richelieu antérieure à 1624 ; pour la correspondance de Denis Charpentier, au sein de la collection Baluze ; pour celle du duc Bernard de Saxe-Weimar ; pour les papiers de Pierre Dupuy, au sein de la collection éponyme, le champ de recherche est encore vaste…) ; celle de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne ; celle de la Bibliothèque de l’Institut de France ; celle de la Bibliothèque apostolique du Vatican ; ou encore la richesse des bibliothèques municipales comme celles de Lyon et de Besançon.
L’œuvre de Richelieu, décédé en décembre 1642, et, à travers elle, nombre de contemporains, des plus illustres au plus obscurs, restent moins connus qu’on ne pourrait le croire. Les papiers laissés par le cardinal-ministre sont encore loin d’avoir révélé toutes leurs richesses.
