• Un laboratoire de l’urbanisme parisien

La Palais entretient un lien singulier avec Paris fait tout à la fois d’exclusion et d’inclusion. Depuis la période médiévale, l’enclos du Palais se caractériserait par la discontinuité manifeste du bâti par rapport au reste de la ville. À la fin du XVIe siècle, la partie occidentale du Palais est occupée par le jardin du roi clôt par une muraille. Une discontinuité physique très nette oppose le Palais et le reste de la ville. Le Palais correspond alors à tout ce qui se trouve à l’ouest de la rue de la Barillerie.

 

L’achèvement du Pont Neuf et la construction de la Place Dauphine sous Henri IV viennent bouleverser l’opposition frontale entre Paris et le Palais. Ce dernier est désormais intégré au tissu urbain à la fois sur son flanc oriental et sur son flanc occidental par la rue de Harlay. Le Pont Neuf forme en outre un nouvel axe de circulation entre les deux rives de la Seine. Le Palais se retrouve donc au cœur de la vie urbaine. Il s’agit là de la première entaille dans l’opposition entre le Palais et le reste de la ville. Toutefois, il faut immédiatement apporter une nuance à ces propos dans la mesure où aucune porte ne donne sur la rue de Harlay. Il reste encore refermé sur lui-même et nettement séparé du reste de la capitale.

 

Anonyme, Le Pont-Neuf selon un projet non exécuté, vers 1588, musée Carnavalet, Paris.

 

En 1671, en même temps qu’une partie du jardin du Premier Président est loti pour y construire une nouvelle galerie marchande et des ateliers, une ouverture est percée dans les bâtiments de la rue de Harlay. Dès lors, l’opposition entre l’enclos et la ville est reconfigurée.

Le Palais est un chantier permanent où les transformations se font le plus souvent par petites touches. Toutefois, deux incendies constituent des ruptures essentielles. En 1737, la Chambre des Comptes s’embrasse et conduit à une transformation de la partie méridionale de la Cour de Mai. En 1776, un autre incendie emporte cette fois-ci la Cour des Aides. S’ouvre alors un temps d’aménagement du Palais qui ne prend fin qu’avec la Révolution. Marchand ou judiciaire, l’enclos se présente comme un laboratoire hybride annonçant par certains aspects le modèle du palais de justice et les passages couverts du XIXe siècle.

 

L’étude du Palais a permis d’envisager une histoire croisée de Paris. Plus généralement, c’est tout le champ de l’histoire parisienne qui était et demeure foisonnant. Trois axes sont particulièrement actifs : les pratiques policières, l’activité boutiquière et le fonctionnement économique, enfin, le cadre bâti et matériel. Toute cette production malgré sa richesse, ne permettait « guère de comprendre comment la ville fonctionnait sans sa globalité »[1]. Notre recherche a voulu aller à la rencontre de tous ces axes en les réunissant grâce à une approche micro-locale les dimensions théoriques et pratiques. Elle permet enfin d’interroger l’affirmation du statut de capitale du Paris.

 

[1] David Garrioch, La fabrique du Paris révolutionnaire, p. 13-15.