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Histoire & mesure
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Ordre textuel et ordre spatial à Lyon à l'époque moderne. Du parcours de visite au rôle nominal, une spatialité implicite
Ce numéro d’Histoire & Mesure, deuxième volet d'une thématique consacrée à la ville et à ses mesures, s'attache à saisir comment certains groupes d'acteurs s'approprient l'espace de leur ville, et à découvrir des logiques de l'économie et de la croissance urbaines. Un premier article porte sur l'étude du corps de l’épicerie parisienne au XVIIe et au XVIIIe siècle en lien avec la politique fiscale de la monarchie (M. Marraud) ; un deuxième étudie l'évolution des usages socio-économiques observés autour du bassin de La Villette au nord de Paris (I. Backouche). À partir d'une exploitation fine des sources cadastrales à Bordeaux au XIXe siècle, S. Schoonbaert analyse le renouvellement de son parc immobilier ; L. Bonneval & F. Robert s'attachent à mesurer la rentabilité de l'investissement pour l'immobilier locatif à Lyon (1890-1968). Une autre perspective de ce numéro repose sur des expériences de restitution et de remodelage du maillage urbain : V. Chabrol présente l'opération de remembrement dans la redéfinition de la ville, le cas de la reconstruction d'Yvetot (1940-1945). Pour Lyon à l'époque moderne, B. Gauthiez et O. Zeller présentent la spatialisation de sources écrites que sont les parcours de visite, confrontées aux plans de censive. Un dernier article de Varia (M.-L. Legay) centre son objet sur l'étude comparative de la science comptable en France et en Autriche, en s'appliquant à mettre en évidence la « supériorité » de la comptabilité camérale sur les options colbertistes, au XVIIIe siècle. -
Des procès innombrables. Éléments méthodologiques pour une histoire de la justice civile d’Ancien Régime
Longtemps négligées par les historiens, qui leur préféraient l’étude du contentieux criminel, les archives civiles des tribunaux d’Ancien Régime commencent à émerger dans les préoccupations des chercheurs. Ces documents s’avèrent en effet très riches, tant dans la perspective de l’histoire de la société que de l’analyse de la justice comme institution sociale. Pour rendre compte de cette richesse, les méthodes sérielles sont nécessaires (mais pas suffisantes) : parce que la masse des sources est considérable (on a peut-être vingt affaires civiles pour une affaire criminelle) et parce que leur contenu individuel est souvent pauvre et décevant. Néanmoins, ceux qui veulent tenter un large dépouillement de sources civiles sont confrontés à de nombreuses difficultés : notre article les présente et propose quelques réponses. On examinera d’abord les problèmes d’établissement du corpus, puis ceux posés par les principaux critères d’analyse (identité des parties, durée et nature des litiges, etc.). On donnera enfin quelques exemples de questionnements auxquels les archives civiles peuvent être soumises, dans la perspective d’une histoire qui fait de la justice une activité sociale à part entière. -
Règlement des faillites et pratiques judiciaires. De l’entre-soi à l’expertise du syndic (1673-1889)
Qui dit faillite dit procédure judiciaire et examen de la comptabilité. Or la législation, le rôle et la signification de la comptabilité ont connu d’importantes évolutions au fil des siècles. Pour comprendre ces mutations, qui ont pour conséquence une judiciarisation des procédures et le passage à une logique d’expertise, nous avons choisi de croiser analyses historique et comptable : l’étude est menée sur un temps long, de 1673, date de l’Ordonnance de commerce, première unification du droit des marchands, à 1889, date de la loi qui crée la liquidation judiciaire, deux moments importants du droit des faillites. Dans ce cadre chronologique, deux angles d’approche sont privilégiés : d’une part, les pratiques sociales et judiciaires, d’autre part, les pratiques comptables, autour de la figure clé du syndic qui, de marchand élu parmi ses pairs à la pluralité des voix, devient homme de loi, expert a priori indépendant. -
Un prix sans aménité. L'indemnisation des propriétaires parisiens à la fin de l'Ancien Régime
À la fin des années 1780, de grands travaux destinés à améliorer la circulation mettent le centre de Paris en chantiers, autour de la Seine et des Halles principalement. Ces deux vagues d’expropriation, simultanées et similaires par les procédures utilisées, diffèrent pourtant selon l’administration qui la prend en charge. Les propriétaires des Halles se montrent satisfaits de la Lieutenance générale de Police, ceux des quais fréquemment déçus par la municipalité. C’est qu’au lieu d’une juste indemnité, que certains ne renoncent pas à réclamer au nom d’arguments moraux et de leur investissement dans la gestion de la cité, ils reçoivent le prix que les administrations acceptent de payer pour leur bien. Et celui-ci est déterminé en amont par les moyens dont elles disposent plus encore que par l’expertise des spécialistes du bâtiment qui se contentent de valider leurs propositions. C’est ce que montre en particulier le vif affrontement autour du taux de capitalisation des loyers, donnée essentielle du raisonnement de l’ensemble des acteurs qui permet d’énoncer les enjeux de cette différence entre valeur et prix. -
L’organisation parcellaire et la voirie du quartier canonial de la cathédrale de Tours, du XVIIe au XVIIIe siècles
La compréhension d’un tissu urbain nécessite de s’interroger non seulement sur ses différents éléments constitutifs (voirie, parcellaire, constructions bâties et non bâties), mais aussi sur leurs relations dans le temps et dans l’espace. Cet article présente le résultat d’une étude consacrée au rapport entre la trame viaire et l’organisation parcellaire du quartier canonial de la cathédrale de Tours durant l’époque moderne. Inscrite dans le temps long, celle-ci analyse le fonctionnement, c’est-à-dire l’organisation et les relations des éléments constitutifs de la trame viaire, du point de vue de leur rôle distributif au sein des parcelles. Fondée sur l’analyse des flux de déplacements pédestres théoriques et sur l’analyse des critères de disposition des parcelles dans la trame, cette étude permet d’identifier la manière dont la voirie et le parcellaire sont organisés dans le temps long de la formation du quartier canonial. Les résultats obtenus permettent alors de modéliser l’incidence des pratiques territoriales des chanoines dans l’organisation du tissu urbain et dans la formation du quartier canonial.