Les parlements d'Ancien Régime ont joué un rôle très important dans la vie sociale au travers des fonctions de contrôle, de direction ou d'impulsion qu'ils ont été appelés à remplir au sein des sociétés urbaines dans des domaines aussi divers que la librairie, l'assistance publique ou la lutte contre les grandes épidémies ; au travers aussi des relations entre les milieux parlementaires et les élites des grandes cités qui abritaient ces institutions. Tout en privilégiant le parlement de Normandie et la ville de Rouen, les auteurs ont également abordé ces différents thèmes pour d'autres parlements, parmi les plus importants, et d'autres métropoles provinciales : Dijon, Besançon, Bordeaux, Grenoble et Rennes.
Par le sauvetage des registres du Parlement entre 1729 et 1733, le procureur général Guillaume-François Joly de Fleury avait définitivement pris l’ascendant sur les greffiers dans la gestion des archives de la cour parisienne. Déjà gardien du Trésor des chartes, il devenait le défenseur incontesté des droits du roi. Catalogue de preuves juridiques, véritable mémoire du droit et de la jurisprudence d’Ancien Régime, les registres constituaient aussi un témoignage politique précieux sur le rôle et l’ancienneté du Parlement. Dans les luttes violentes entre robe et couronne, les réflexions sur l’essence et l’origine de la monarchie firent des archives du Parlement un gage de légitimité tout autant qu’un moyen de contrôler et de (re)faire l’Histoire.