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Paris
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La ville en mouvements : circulations, échanges commerciaux et matérialité de la ville : pour une articulation systémique des facteurs d'évolution du tissu urbain parisien entre le XVe et le XIXe siècle
Dans ce travail nous avons cherché à mieux appréhender les effets des circulations sur le tissu urbain parisien entre le 15e et le premier tiers du 19e siècle, et en particulier à comprendre dans quelle mesure celui-ci évolue en fonction des interactions qui s'établissent à plusieurs échelles entre la matérialité urbaine et les potentialités d'échanges. La cartographie de plusieurs corpus de données planimétriques et écrites nous a permis de construire nos propres données géohistoriques, tandis que leur intégration dans un SIG en a rendu possible la comparaison. Nous avons ainsi pu mettre en évidence des processus différents selon l'échelle à laquelle nous étudions les formes et, à chaque fois, souligner le caractère particulier de l'évolution de la matérialité urbaine à proximité des zones de flux: forte densité du parcellaire et du bâti, reconfigurations fréquentes des circulations intra-îlot, fonction commerciale prépondérante et rythme d'évolution plus rapide. Ces particularités sont la conséquence des interactions systémiques qui s'établissent entre le bâti, la voie et le flux qu'elle supporte, et qui aboutissent à la densification du tissu urbain et à la résilience de la voie. L'attractivité du flux de circulation pour les activités commerciales est selon nous un des facteurs principaux de cette systémique, et, parce que le mode de fonctionnement des échanges commerciaux n'évolue que très peu entre le 15e et le 19e siècle à Paris, elle est aussi un des facteurs importants de la stabilité morphologique du tissu urbain parisien durant cette période. -
L'admirable police. Tenir Paris au siècle des Lumières
"Exerçant son action du cabaret au salon, du bordel à la loge maçonnique, la police de Paris serait-elle 'la plus parfaite', comme certains le proclament au siècle des Lumières, pour tenir une aussi grande ville d'Europe? La vaste réforme impulsée au temps de Colbert en 1666-1667 ne se limite pas à la création de la lieutenance générale de police. Tout au contraire, elle inaugure une dynamique de transformation des pouvoirs policiers parisiens : il s'agit d'améliorer le recrutement et les pratiques des commissaires au Châtelet, des inspecteurs et des auxiliaires, ces 'mouches' et espions qui fréquentent les 'petits cafés' et les lieux louches, tous métamorphosés en 'bons ouvriers' de la sûreté publique. Plus préventive que répressive, la police renforce sa surveillance sur la société et son emprise sur le territoire urbain ; soucieuse du 'bonheur des hommes en société', elle intervient dans les domaines de la salubrité, de la santé, de la voirie, des arts et métiers, du commerce et des marchés pour rassurer et protéger les 'bons citoyens'. Mais cette 'force vigilante et active' (Louis Sébastien Mercier) est là aussi pour surveiller, évincer, enfermer, sans faiblesse, les 'indésirables' et faire taire le 'peuple murmurant'. Aussi nourrit-elle constamment des tensions : les résistances ne cessent jamais et la cristallisation des critiques autour du 'despotisme' de la police est un puissant ferment de l'effervescence pré-révolutionnaire. À partir des années 1760, la philosophie du droit naturel, une nouvelle idée de la liberté et de la souveraineté politique rendent l'arbitraire policier de moins en moins acceptable. Ces critiques rencontrent le vécu ordinaire des hommes et des femmes à la vie fragile, qui savent la police dure aux pauvres et à tous les laissés-pour-compte du 'beau XVIIIe siècle'. En 1789, la dénonciation du despotisme de cette police qui a prétendu se mêler de tout, qui a voulu tout connaître, tout prévoir, érige les services de la lieutenance générale en emblème de la tyrannie, une Bastille à abattre pour qu'enfin triomphent l'état de Droit et l'égalité de tous devant la Loi."--Page 4 of cover -
La Lieutenance de Police et l'espace urbain parisien (1667-1789). Expériences, pratiques et savoirs
Paris, capitale de la monarchie absolutiste, posa, dans sa matérialité même, des problèmes d’ordre public aux pouvoirs politiques. Ces problèmes, démographiques, hygiéniques, de circulation et d’organisation sociale (une mobilité accrue), entraînèrent la création d’une institution spécialisée dans la « police » de la ville : la Lieutenance de police. Cette institution, de 1666 à 1789, s’attacha à résoudre les désordres urbains matériels et sociaux, et pour cela déploya des dispositifs policiers nouveaux, pour lesquels elle mobilisa les savoirs du temps tout en en produisant elle-même (plus empiriques). C’est également dans les pratiques des agents sur le terrain que l’on trouve la réalité de ce qu’était la police d’Ancien Régime, qui consista avant tout à occuper l’espace urbain, à le marquer et à l’aménager à la marge afin de produire la sûreté et la propreté des rues. En ce sens, la prise en compte de la réalité urbaine invite à croiser histoire urbaine et histoire de la police. -
Dans l’orbite de la capitale : les justices seigneuriales des environs de Paris et le crime, du règne personnel de Louis XIV à l’aube de la Révolution
Ce travail porte sur les justices seigneuriales des environs de Paris entre le règne personnel de Louis XIV, moment de réforme des ressorts des justices à l’intérieur de la capitale, de la création de la Lieutenance générale de Police et de l’Ordonnance criminelle de 1670, jusqu’à leur suppression au début de la Révolution française. Grâce aux documents seigneuriaux, des institutions monarchiques, des notaires et aux documents produits dans les tribunaux locaux, j’étudie les prérogatives de ces justices, leur organisation matérielle, leur personnel, leurs rapports avec les justiciables pour l’enregistrement et l’instruction des crimes, et ce que les crimes nous apprennent sur les relations entre les hommes autour de Paris. -
Formes et réformes : la prison parisienne au XVIIIe siècle
On sait bien peu de choses sur la prison parisienne du XVIIIe siècle. Si les historiens ont été fascinés par le pénitencier du XIXe, ils ont largement négligé la geôle d’Ancien Régime. La période n’a pas été entièrement ignorée, bien sûr : elle voit naître les écrits de Beccaria qui remettent en cause le régime des supplices et qui mettent en branle la réforme pénale. C’est aussi le temps du Grand Renfermement des pauvres et des asociaux dont l’Hôpital général et le dépôt de mendicité sont les plus nettes matérialisations. Mais, là encore, la prison, qui faisait pourtant partie intégrante de la procédure judiciaire de l’époque, a été écartée. Le présent travail vise à combler une partie de cette béance en explorant le monde de la prison prépénale dans le Paris du XVIIIe siècle. Bien loin de constituer un objet isolé, cette geôle ordinaire doit être intégrée à part entière dans l’histoire carcérale, celle-là même qui mène jusqu’au pénitencier.La démonstration s’articule en trois grandes parties entre lesquelles les liens sont nombreux. La première prend pour assise la structure de la prison : sa charpente, ses bâtiments, sa constitution matérielle. Elle aborde les établissements d’enfermement d’abord et avant tout comme des objets tangibles et concrets. La seconde partie quitte la structure de la prison parisienne pour plonger dans ses circuits financiers. Il s’agit d’explorer deux grandes questions : d’où vient l’argent et où va-t-il? Finalement, la troisième partie pénètre plus en profondeur le monde carcéral en ciblant les hommes qui la composent: la prison est aussi faite de relations.