Dans un livre marquant – The industrious revolution : Consumer behavior and the household economy, 1650 to the present – Jan de Vries s’intéresse aux transformations économiques qui précédent précèdent la Révolution industrielle. L’originalité de ce livre est d’expliquer l’intensification du travail observée au XVIIIe siècle non pas comme le résultat d’une contrainte (démographique ou sociale) mais d’un nouveau désir de consommer qui apparaît à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle. Cet éclairage très argumenté des débuts de la Révolution industrielle, mais aussi de notre modernité orientée par les phénomènes de consommation, appelle au débat. Cet article examine en détail la logique de l’argumentation proposée et il met en évidence la signification économique mais aussi politique qui est attribuée à la consommation.
La suppression d’un grand nombre de jours de fêtes religieuses entre le milieu du XVIIe siècle et la fin du XVIIIe siècle a permis une forte augmentation du temps de travail. Cet article s’efforce d’en comprendre les raisons. Est-ce la conséquence du désir des populations de travailler plus pour consommer plus, comme le soutiennent les historiens de la consumer revolution ? Est-ce une évolution du calendrier encouragée et conduite par les élites éclairées acquises à l’utilitarisme de l’économie politique ? Ou doit-on au contraire y voir d’abord un phénomène de nature religieuse, voulu et organisé par l’Église et la papauté ?