Un centre d'histoire

Un centre d'histoire

Le centre Roland Mousnier est, à l’échelle de la France, un des plus anciens centres universitaires de recherches en histoire.
Ses origines lointaines remontent à un arrêté ministériel du 17 avril 1958, quand, à l’initiative de Roland Mousnier
entouré d’Alphonse Dupront et de Victor-Lucien Tapié,
fut créé le Centre de recherches sur la civilisation de l’Europe moderne (CRCEM)
qui était rattaché à la Faculté des Lettres de l’Université de Paris.

Les missions du centre

Il s’agissait originellement d’un « Institut » qui se donnait six buts prioritaires :

promouvoir les recherches historiques en vue de définir et de caractériser la civilisation européenne des XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles, dans ses différentes manifestations, qui embrassent les différentes activités humaines ;

informer de façon permanente les chercheurs de l’état actuel des travaux et des recherches en cours ;

coordonner les recherches des différents établissements, associations et sociétés scientifiques français ou étrangers, dont l’activité touche à l’histoire de la civilisation européenne ;

publier des textes et des travaux scientifiques, organiser des congrès et des colloques ;

préparer l’œuvre collective d’une histoire de la civilisation française et de la civilisation européenne modernes ;

analyser, dans la perspective historique, des problèmes « contemporains ».

Globalement, l’Institut était marqué alors par deux motifs : celui de « civilisation » (Roland Mousnier ayant été l’auteur du volume sur le XVIIe siècle au sein de l’Histoire générale des civilisations des Puf) et celui d’« Europe » (Alphonse Dupront ayant eu précocement la préoccupation d’une nécessité d’historiciser le vieux continent), qui demeurent encore présents aujourd’hui dans le soubassement épistémologique du CRM, mais actualisés et modernisés.

À partir de 1971-72, ce sont les locaux actuels des modernistes du CRM qui sont investis, avec notamment les professeurs Pierre Chaunu et François Crouzet. Après plusieurs ajustements, l’Institut obtient le statut d’UMR (8596) le 1er janvier 1999. Deux ans avant la retraite de Roland Mousnier, c’est François Crouzet qui le 12 janvier 1977 le dirige. Jean-Pierre Bardet assume à son tour la direction du laboratoire (janvier 1991-octobre 2006) et c’est à son l’initiative que le « Centre de recherche sur la Civilisation de l’Europe Moderne » prend désormais le nom de « Centre Roland Mousnier »Denis Crouzet lui succède ensuite. En 2019, Cyril Grange (DR CNRS) prend la direction du Centre, attestant de l’importance de l’association de Sorbonne Université et du CNRS.

Un continuum
d’ajustements et de réajustements

L’UMR 8596 a connu des transformations notables qui témoignent d’une constante préoccupation d’ajustements et de réajustements autorisant de nouvelles mises en perspective sur la longue durée et sur des problématiques différenciées et élargies.

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La première est ancienne et s’est traduite au début des années 1990 par un élargissement à un noyau d’historiens contemporanéistes de l’Université Paris-Sorbonne. Tandis que les modernistes restaient en Sorbonne, les contemporanéistes réunis autour de Dominique Barjot ont migré vers la Maison de la recherche de la rue Serpente. Cet élargissement à l’histoire contemporaine a permis de nouvelles hybridations interdisciplinaires comme par exemple, celle des historiens économistes du CRM autour de Dominique Barjot avec des économistes d’autres structures universitaires françaises ou internationales via des enquêtes communes.

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En février 2008, à l’occasion du contrat quadriennal 2010-2013, un second élargissement a été rendu effectif, grâce à l’incorporation d’une équipe de l’université Paris-Sorbonne jusqu’alors autonome : l’EA 2556, « Jeux et enjeux de pouvoirs au Moyen Âge » dirigée par Elisabeth Crouzet-Pavan. L’intégration d’une des meilleures structures universitaires françaises d’histoire médiévale a eu ceci de très positif de répondre à une logique : celle de la profondeur du temps historique et donc la volonté de faire de l’UMR un laboratoire universitaire travaillant sur la longue durée, à l’encontre de la parcellisation ou de la spécialisation spatio-temporelle ou aréale. Cette impulsion pluri-directionnelle a également permis l’ouverture à de nouvelles problématiques partagées tant par les médiévistes et les modernistes que par les contemporanéistes (à l’exemple du GDR « Îles britanniques » piloté par Jean-François Dunyach).

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En 2008, une seconde équipe a également demandé son rattachement : il s’agit du Centre Alberto Benveniste, de l’EPHE, codirigé par Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, par lequel l’UMR peut bénéficier non seulement d’un pôle attractif sur le plan de l’histoire des cultures du monde juif, mais aussi plus globalement d’un recentrage sur la question des minorités ethniques, culturelles, religieuses, des discriminations et du racisme. En témoigne aujourd’hui le travail effectué par les différents chercheur(e)s de l’axe 3, « Histoire du judaïsme et des minorités religieuses », autour des recherches sur les juifs d’Italie ou du pourtour méditerranéen, sur les uniates, populations de rite grec en Europe centrale et orientale par exemple.

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En mars 2012 enfin, une nouvelle évolution importante, fondamentale pour les années à venir, est intervenue. L’Europe était déjà au cœur des préoccupations des grands historiens ayant participé à la création puis à la pérennisation du Centre, ainsi en association avec d’autres partenaires principaux d’envergure, l’UMR SIRICE (Université Paris 1-Université Paris-Sorbonne), l’UMR Centre André Chastel, l’EA Centre de recherches d’histoire du XIXe siècle (Université Paris 1-Université Paris-Sorbonne), le CRHIA (Université de Nantes), l’École Nationale des Chartes, le CRM est devenu partie prenante d’un laboratoire d’excellence centré sur l’histoire de l’Europe : le LabEx EHNE, « Écrire une histoire nouvelle de l’Europe ». Ce projet s’est d’abord attaché à promouvoir une engagement civique pour expliquer, historiquement et sur des bases actualisées, l’histoire européenne, en un moment de crise, prolongée qui menace l’approfondissement sinon la poursuite du projet d’unification qu’elle a porté depuis un demi-siècle. L’axe 3 du Labex EHNE est revenu spécifiquement au Centre Roland Mousnier : L’Humanisme européen ou la construction d’une Europe « pour soi », entre affirmation et crise identitaires. Il s’est agi ici de revisiter l’histoire de l’Europe à la lumière d’exigences épistémologiques restructurées et grâce à la réalité de la communauté scientifique transdisciplinaire désormais constituée, unissant littéraires, philosophes et historiens, et investissant une longue durée allant de la fin de la romanité à la contemporanéité.

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L’ultime évolution est liée au processus de fusion de l’Université Paris-Sorbonne et de l’UPMC. Des perspectives nouvelles s’ouvrent  : il s’agit de déterminer de possibles points de rencontres, en coordination avec des équipes de philosophes, de littéraires ou de sociologues de l’ex Université Paris-Sorbonne qui seront conduits à chercher à s’engager dans une interdisciplinarité toujours plus croissante.

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En parallèle, depuis 2019, le Centre Roland Mousnier prend le tournant des humanités numériques. Cette transition, encore en cours, repose sur l’obtention de grands projets ayant de fortes composantes numériques : Projets Alliance Sorbonne Emergence (Connexions Carolopolitaines. Espace, Population, Patrimoine ; PariMix…), Projet Horizon 2020 (Ithaca…). Le centre se dote alors d’une nouvelle plateforme numérique en ligne, dont ce site en est un point central. Dans le cadre du développement de ces nouveaux outils, l’accent est mis sur la formation, la visibilité et la sécurité des données des chercheurs, la diffusion des savoirs et l’open data, ainsi que les traitements quantitatifs et transdisciplinaires. 

Chronologie des directeurs

  • Cyril Grange (2019-…)
  • Denis Crouzet (2006-2018)
  • Jean-Pierre Bardet (1991-2006)
  • François Crouzet (1977-1991)
  • Roland Mousnier (1958-1976)
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